storm the building
Hier soir, j'étais pas trop bien, pour tout dire. Je me suis ainsi couché à 21 h, (ce qui ne m'arrive plus depuis que ma maman ne m'ordonne plus d'aller me coucher) (soit un ou deux ans approximativement). Et total, je me suis réveillé comme un glandu à 4 heures ce matin.
Là j'avoue que j'étais un peu déstabilisé parce que je ne savais pas quoi faire (peu familier de ces tranches horaires, je ne sais pas ce qu'on y fait d'habitude) et j'ai donc décidé de ...... glandouiller (décision courageuse, je sais, mais quand il faut y aller, hein), jusqu'au moment où je suis allé bosser. Je me suis présenté devant mon building à 7 h 05 du matin. Il était fermé. A travers les baies vitrées, j'ai pu vérifier qu'il n'y avait personne à l'accueil. J'ai trouvé ça assez stimulant pour tous ceux qui ont de grosses journées et préfèrent venir plus tôt. Quitte à payer des pékins à rien faire (eh oui ! il existe des gens qui sont payés à ne rien faire. Je veux dire : à ne rien faire du tout de toute la journée. Et comme ils ne font rien depuis très longtemps, avec les primes à l'ancienneté, ils sont très bien payés pour le faire), on devrait les mettre à l'accueil à l'aube. Comme ça une fois tous les dix ans il y aura au moins quelqu'un pour m'accueillir.
Ce qui ne résolvait pas le problème du libre-accès à mon bureau (et tout ça dans l'espace Shengen, s'il vous plaît). J'ai dû entrer par le bâtiment principal qui doit se trouver à un demi-kilomètre de là, badger avec ma carte du bâtiment principal, tout remonter par le 2ème sous-sol, et pénétrer dans le hall de mon bâtiment en badgeant avec ma carte de mon bâtiment. Parce que j'ai un badge pour mon bâtiment, plus un badge pour le bâtiment principal, plus une carte pour passer les portillons dans le hall de mon bâtiment, plus une carte pour le resto, et enfin j’ai une carte à puce avec ma photo qui s’appelle « carte multiservices » et je ne sais pas à quoi elle sert.
Bien entendu, le récit de mes aventures ne s'arrête pas là (eh non désolé mais si vous trouvez le texte trop long, faites comme tout le monde : vous lisez une ligne sur deux, enfin moi c'est ce que je fais quand je me relis parce que quand même, c'est long). Une fois dans le hall de mon bâtiment (il était genre 7 h 20, ça faisait environ un quart d'heure que j'essayais d'aller travailler), il faut passer des portillons et je dispose justement d'une carte pour ça (suivez un peu quand même, merci). Or elle ne fonctionne qu'une fois sur deux, et là bien sûr, profitant qu'il n'y avait personne à l'accueil pour ouvrir, elle n'a pas fonctionné. En fait ce sont les portillons qui fonctionnent mal et qu'on doit changer, et justement comme on doit les changer on ne fait plus appel à aucune maintenance, ils marchent de plus en plus mal et ça dure depuis six mois).
Plutôt que d'attendre l'agent d'accueil (n'ayant aucune idée de l'heure à laquelle il arrive car généralement je viens vers 9 h 30/10 h et il est déjà là), j'ai escaladé le portillon telle une caillera moyenne en priant pour que personne ne me voit.
Tout ça pour quoi ? pour que trois heures plus tard, ma bien-aimée chef me convoque dans son bureau enfumé (supportant mal l'odeur nauséabonde de ses cigarettes, et n'étant pas bien depuis deux jours je me suis demandé si vomir sur ses amas de dossiers ne constituerait pas une bonne idée) donc elle me convoque pour me dire qu'elle ne voulait pas donner suite à mon article sous prétexte que je n'avais pas d'arrêt de juridiction suprême pour l'étayer !!! (certes je contredis le Lamy et le Francis Lefebvre, mais bon pour exister dans la vie il faut bien tuer les maîtres, et là, au lieu de me démontrer une faille dans mon raisonnement, elle se réfugie derrière le fait que je n'ai pas d'arrêt à produire, c'est-à-dire [là je m'adresse aux juristes] qu'elle souhaite étayer un article de doctrine par de la jurisprudence, ce qui démontre toute son audace et son acuité intellectuelle (elle confond donc doctrine [qui par construction relève de la prospective] et commentaire d'arrêt). Connasse.
Assez énervé par cette nouvelle prise de position courageuse, je passe aux remarques personnelles en lui signalant qu'elle fume beaucoup quand même, et que si elle arrêtait jusqu'à Noël, elle pourrait donner à des organismes caritatifs tout l'argent économisé (histoire de bien la faire culpabiliser. Moi j'en m'en fous je fume pas, ils auront RIEN). Elle n'a pas cru bon de relever ma remarque et je me suis dis que je venais sans doute (mais n'était-ce pas déjà le cas ?) de griller mes primes de fin d'année (nous disposons de primes dont le niveau est à l'entière appréciation de notre chef bien-aimée : plus on lui démontre notre amour tout au long de l'année, plus les primes sont grosses). Comme elle s'est mise à lire ses mails en faisant des commentaires tout haut qui ne m'étaient pas adressés (elle fait partie de ces 50% de gens qui parlent aux machines), j'en ai conclu que l'entretien était terminé, et bien qu'elle ne l'ait pas officiellement clôt, je suis parti pour retrouver mes collègues et me plaindre d'elle.
Bordel, compliqué de prendre d'assaut les institutions quand même.