La vie en tongs
Moi j'aurais bien voulu vous raconter mes vacances à Nancy, la visite de la place Stanislas, les parties de tarot endiablées jusqu'à des 23 h 30 du soir, les énormes pétards qu'on a allumés sur la place du village à Vandoeuvre, les séquences bronzage-piscine alternées, dès qu'on savait plus quoi faire, avec les séquences piscine-bronzage, l'avancée civilisationnelle de mes hôtes depuis leur appartement parisien puisqu'ils sont désormais dotés... d'une brosse à caca, ce qui prévient bien des situations embarrassantes, oui, je pourrais développer tous ces thèmes exaltants, seulement l'essentiel n'est pas là, puisque l'essentiel s'est passé avant les vacances à Nancy.
Je me demande si les gens qui prennent le Paris-Nancy lisent mon blog... (je pense que oui). Car là, pour le coup, c'était comme si ma voisine avait lu l'article sur le Franprix (que vous pouvez consulter librement deux articles plus bas). Il faut dire que j'avais mis toutes les chances de mon côté.
D'abord, les tongs (eh oui), une volonté affichée de non-séduction qui visiblement intrigue (en même temps qu'elle nécessite une certaine adhésion). Ensuite la lecture de Fluide Glacial, et notamment de l'article de l'inépuisable Bruno Léandri sur la signification du mot "pas" dans "je ne sais pas" (qui viendrait bien du "pas" qu'on fait en marchant, enfin je crois, en vérité je n'ai jamais terminé l'article). Enfin, après l'élégance et l'intellect, penser aussi à soigner le savoir-vivre, puisque au moment où ladite voisine est arrivée avec une grosse valise, j'étais perdu dans mes pensées (c'est-à-dire que je n'avais même pas le prétexte de la lecture qui aurait absorbé ma concentration) et c'est dans une sorte de halo que je l'ai vue manquer de tomber en arrière avec sa valise trop lourde pour elle, avant qu'un bellâtre quelconque n'intervienne de manière efficace et souriante.
C'est donc avec une grande sérénité que j'ai entamé la lecture de mon journal, puisque les probabilités pour que j'optimise mes gènes grâce à cette jeune personne étaient d'environ : zéro. D'autant que deux conditions contextuelles aggravaient encore la probabilité : d'abord, on était en quinconce au milieu du wagon, ce qui n'est jamais trop idéal pour entamer une conversation privée ; ensuite et surtout, il y avait une dame à mes côtés qui me rappelait un peu ma mère (et chacun sait qu'il est stimulant pour draguer d'avoir le spectre de sa mère à ses côtés).
Mais ne voilà pas la petite gourgandine qui commence à m'entreprendre sur le Fluide ?!! Style je m'intéresse. D'ailleurs j'ai cru un moment que ça l'intéressait vraiment, et je le lui ai proposé, en précisant que ça ne me dérangeait pas dans la mesure où j'avais mon Biba à terminer. Elle a refusé par un simple sourire, et puis a enchaîné sur l'apport littéraire des "livres de l'été", le tout sans prêter la moindre attention à nos deux voisins : le mec en face de moi qui tapotait frénétiquement sur son portable et n'avait sans doute pas noté notre existence, et la dame à mes côtés (ma mère le retour) qui semblait tout au contraire captivée par le tour pris par la conversation et en attendait avec délectation le dénouement. Il me semblait d'ailleurs que le carré à côté l'attendait tout autant (le dénouement) et pour tout dire j'avais l'impression que tout le wagon s'était subitement tu pour mieux nous écouter. Comme tout cela devenait embarrassant, je me suis fait violence, je lui ai proposé d'aller prendre un verre, elle a accepté et s'est levée [un murmure de réprobation s'élève du wagon, les huées s'alourdissent].
Je voulais m'engager en premier pour faire style "je mate pas ton cul" mais elle-même m'a devancé en étant plus preste. Je me suis alors dit qu'elle n'avait d'autre but que de passer le temps sans stratégie de séduction précise. Je me suis d'ailleurs mis à stresser d'un coup en réalisant qu'on avait près de trois heures devant nous et je ne voyais pas comment j'allais pouvoir tenir une conversation intéressante presque trois heures. A ce stade de mes pensées, mes yeux s'égarèrent (involontairement, on est bien d'accord...) sur ce dont il s'agissait un peu plus haut, et là je me suis dis que non, finalement, peut-être avait-elle bien une stratégie de séduction précise.
Bon là, deux solutions : je suis tout fatigué, je vous bâcle la fin et c'est trop nul ? ou alors je vous la publie demain ou lundi en cas d'impondérable, ce qui crée une fidélisation du lecteur, ayons le courage de ne reculer devant aucune bassesse commerciale, ce qui permet de faire des posts COURTS et aussi que j'aille dormir ?
Je vous entends d'ici mes amis, vous vous inquiétez pour mon sommeil, vous préférez que j'aille dormir, je vous reconnais bien là, merci mes amis, bonne nuit à tous et à demain.